mon cousin, il m’a dit de si grandes raisons et m’a représenté si bien le bon cœur de mes gens, que je ne sais que faire. » La partie était gagnée, et Montluc rapporte en toute hâte par-delà les monts la permission si désirée, et qu’il a enfin arrachée de la bouche du roi : « Qu’ils combattent ! […] Tandis que la droite, commandée par M. de Chais, et le centre, là où était Montluc, enfonçaient l’armée ennemie et que le marquis du Guast voyait la partie désespérée, M. d’Enghien, de son côté, voyait sa gauche complètement en déroute par la lâcheté des Gruyens (gens de la vallée de Gruyère), et essayait en vain par deux charges de cavalerie d’arrêter le bataillon des victorieux. […] un prince ne doit point dédaigner au besoin de servir de pionnier : voici besogne pour tous. » Ainsi Monlluc comprenait en toutes les parties et maintenait en égal honneur tout ce qui constitue le noble métier de soldat. […] Le roi pourtant eut son avis, à lui, et démêla les qualités essentielles de son brave serviteur sous les défauts dont on le chargeait : « Le roi répondit qu’il avait toujours vu et connu que la colère et bizarrerie qui était en moi n’était sinon pour soutenir son service, lorsque je voyais qu’on le servait mal : or, jamais il n’avait ouï dire que j’eusse pris querelle avec personne pour mon particulier. » M. de Guise, favorable à Montluc, fit aussi cette remarque devant le roi, que le maréchal de Brissac se contredisait dans sa lettre, en déniant d’une part à Montluc l’ordre de talents nécessaires pour commander au nom du roi, et d’autre part en le louant si fort pour des qualités qui sont pourtant les principales en un homme de commandement, telles que d’être homme de grande police et de grande justice, et de savoir animer les soldats en toute entreprise : « Qui a jamais vu, ajoutait M. de Guise, qu’un homme doué de toutes ces bonnes parties n’eût avec lui de la colère ?