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1054. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Depuis que le commerce des pensées est devenu une véritable industrie, depuis que la majeure partie des auteurs mâchent, au jour le jour, sans souci du lendemain, la besogne qui les fait vivre, l’occasion s’est présentée plus d’une fois de montrer à l’œuvre, fabriquant et écoulant leurs produits, toute une catégorie de gens de lettres, particulièrement dédaigneux des scrupules de l’art, et fortement épris des succès monnayés : les Entrepreneurs de romans populaires. […] En sa candide ignorance elle ne savait pas, elle allait mourir sans le savoir, et il est urgent de le lui apprendre, que « l’air qui nous fait vivre est composé de vingt et une parties d’oxygène mêlées de soixante-dix-neuf parties d’azote et que la combustion du charbon, suivant qu’elle est plus ou moins active, donne de l’acide carbonique ou de l’oxyde de carbone ; … elle ignorait également le changement de composition que subit l’air par suite de l’oxygène remplacé dans l’atmosphère par les gaz carboniques » ! […] Vous pourrez même, s’il vous est plus commode, le dévoyer complètement, comme a fait l’auteur de la Fille au Collier de perles, roman à succès du Petit Parisien, où se trouve encadrée une longue partie qui n’a aucun rapport avec le corps du sujet. […] Il appelle à son secours un habile de la partie, qui ne sait rien, d’ailleurs, des suites à prévoir. […] Laissez donc le roman-feuilleton faire son humble tâche, qui s’adresse à l’immense majorité du public et ne l’attaquez pas en lui-même, ce qui est une partie de votre campagne.

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