L’adversité a cela de particulier, qu’elle donne à Frédéric le sentiment du droit, qu’il n’a pas toujours eu très présent et très vif en toutes les circonstances de sa vie : en cette crise d’alors, il se considère comme iniquement assailli et traqué, lui le champion d’une grande et juste cause, le soutien de la liberté de l’Allemagne et de l’indépendance protestante : « L’Allemagne est à présent dans une terrible crise : je suis obligé de défendre seul ses libertés, ses privilèges et sa religion ; si je succombe, pour le coup, c’en sera fait. » Il ajoute ces remarquables paroles, qui ont dans sa bouche une singulière autorité et dont il paraît s’être mal souvenu dans d’autres temps : A-t-on jamais vu que trois grands princes complotent ensemble pour en détruire un quatrième qui ne leur a rien fait ? […] Fiez-vous à ma parole d’honneur, et ne regardez point la prière que je vous fais comme l’effet d’une vaine curiosité : j’ai quelque intérêt à être instruit… Et le 20 octobre 1757 : Il m’a paru que Mme la margrave avait une estime particulière pour un homme respectable (il est bon de savoir d’avance qu’il s’agit toujours du cardinal de Tencin) que vous voyez souvent.