Il n’y a que les véritables chefs-d’œuvre fondés sur la raison et la nature, qui franchissent les siècles et restent supérieurs aux révolutions : les pièces de circonstance, les ouvrages de parti s’évanouissent avec les passions et les préjugés qui leur ont donné la vogue. […] Zamti, qui vient proposer à sa femme de se tuer pour la rendre veuve et lui procurer un meilleur parti que lui, est plus ridicule qu’héroïque. […] Le caractère de Clytemnestre n’est pas soutenu ; tantôt elle s’attendrit, tantôt elle menace ; tantôt elle se déclare pour Oreste contre Égisthe, et lui fait entendre assez clairement qu’elle sait comment on se débarrasse d’un mari fâcheux ; tantôt elle prend le parti d’Égisthe ; c’est ce qui lui arrive assez mal à propos dans l’insurrection qui fait le dénouement, et, pour n’avoir pas eu plus de caractère, il lui en coûte la vie : c’est un rôle sans effet et absolument, nul. […] Pour rendre la farce complète, Voltaire répondit à ce La Lindelle, pour le grondera son tour d’être si satirique : il affecte de prendre le parti de ce pauvre Maffei, tout en disant que le critique a raison sur bien des points ; et, par un effort bien généreux, il avoue que, dans toute la tragédie italienne, il y a deux endroits touchants et pathétiques. […] Depuis l’expulsion des Tarquins jusqu’à l’établissement du tribunat, et même jusqu’aux lois de Licinius, le peuple romain, c’est-à-dire, toute la classe plébéienne, fut plus esclave que ne l’est aujourd’hui le peuple de Constantinople ou d’Ispahan : il retomba dans cette servitude après le meurtre des Gracques, et ne recouvra sa liberté que sous la dictature de Jules César, chef du parti populaire, et qui, dans les champs de Pharsale, abattit l’orgueil du sénat, étouffa les factions, et mit un frein à l’anarchie.