La société des êtres intelligents subsiste par les idées morales et intellectuelles que la parole y a semées. […] La parole s’étant successivement matérialisée, comme nous l’avons précédemment remarqué, la pensée a dû lutter continuellement pour rentrer dans cette indépendance et cette liberté dont elle jouissait lorsqu’elle était intimement unie à la parole. […] Mais n’oublions pas que si nous pouvons à présent nous passer du secours de la parole pour penser, c’est parce que originairement la parole nous a donné nos pensées. […] Mais si la parole a cessé de régner, elle est restée premier ministre de la pensée. […] Alors l’union intime de la pensée et de la parole ne pouvait plus subsister comme dans les premiers temps.