Horace parle de Pindare avec enthousiasme, et assurément il s’y connaissait ; cependant, si nous voulons être de bonne foi, nous avouerons que Pindare ne nous transporte pas d’admiration dans les traductions qu’on en a faites. […] C’est qu’en matière de langue, il est une infinité de nuances imperceptibles et fugitives, qui pour être démêlées ont besoin, si on peut parler de la sorte, du frottement continuel de l’usage ; c’est un effet qui doit être dans le commerce pour que la vraie valeur en soit connue. […] Si on vient un jour à ne plus parler la langue française, nos neveux mettront toujours La Fontaine au rang des grands poètes, parce qu’ils sauront le cas infini que nous en faisons, et que d’ailleurs nos neveux n’auraient garde de ne pas penser comme leurs ancêtres.