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1105. (1895) Hommes et livres

Elle est le résultat d’un accord entre la science et la foi, accord trop parfait pour n’être pas singulier, et qui peut-être ne se représentera jamais. […] Car une tragédie se joue en deux heures : et la vérité de l’imitation sera parfaite si l’action réelle ne prend pas plus de temps que sa représentation. […] Et ils sont tellement l’objet de cette passion, qu’il n’y a point d’homme si imparfait qu’on ne puisse avoir pour lui une amitié très parfaite lorsqu’on en est aimé et qu’on a l’âme véritablement noble et généreuse. […] Ainsi dans la tragédie, l’amour suit exactement la connaissance ; à mesure que la connaissance s’épuise, l’amour se transforme, et elle le porte d’objet en objet, du moins parfait au plus parfait. […] Voilà qui porte ce sentiment à une curieuse hauteur, jusqu’à ne plus vivre que du sacrifice sans cesse renouvelé qu’on en fait ; mais c’est le nécessaire complément d’une théorie qui l’identifie à l’amour de la perfection : les amants se sentent obligés à se traiter réciproquement comme parfaits, et à se rendre individuellement le plus parfaits qu’ils peuvent.

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