Nous savons bien qu’une langue ne sera jamais fixée ; mais pourtant nous paraît-il (avantageux qu’elle garantisse une. certaine stabilité sans être comme l’allemand sans cesse à l’état malléable, fluide pour ainsi dire, et, suivant une des expressions de la philosophie germanique, « dans un éternel devenir ». […] C’est le charmeur aux naïvetés savantes, l’homme de Plutarque et de Longus également, Amyot, digne du regard des Muses et du sourire de Chloé ; c’est Rabelais qui relie l’Antiquité au Moyen Âge et le banquet de Xénophon ou d’Athénée aux orgies de la Mère Sotte et de la fête de l’âne, Rabelais monstrueux mais tout-puissant et qui, débordant de sagesse et de folie, paraît moins un écrivain qu’un génie et moins un génie qu’une force jaillissant du sein de la nature. […] » Il me semble que c’est tenir trop peu de compte de la structure même des vers, de l’heureux emploi des coupes et des césures, de l’ordonnance de la strophe, de la précision et de l’aisance du Rythme qui me paraissent bien concourir à l’harmonie. […] Et si les étrangers parurent désapprendre leur génie national, ils ne firent en réalité que le retremper à la meilleure des disciplines, à la seule école où se fût accomplie depuis l’antiquité la grande harmonie du Vrai et du Beau ! Le culte du Beau parut décliner au dix-huitième siècle : ce fut au Vrai que se consacra surtout l’effort des intelligences qui firent ce siècle si grand.