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1512. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Il a pris le sage parti de rétracter ses erreurs, & d'employer sa plume à la défense de la Religion, qu'il avoit paru combattre pendant qu'il étoit Encyclopédiste. […] Rousseau sont si foibles, qu'elles n'ont pas trouvé de Lecteurs ; & ce qui a déjà paru de son Ouvrage, intitulé l'Accord de la Philosophie avec la Religion, nous semble plus propre à augmenter qu'à diminuer le nombre des Incrédules. […] Les Loix civiles ont le pouvoir d'arrêter les injustices, ou du moins de remédier à celles qui sont sensibles & connues : la Religion fait non seulement des Hommes justes, elle veut encore que la justice, la modération, la bienfaisance, soient aussi réelles qu'apparentes ; elle exige que les vertus ne se bornent pas à paroître, mais qu'elles aient leur racine dans le cœur, qu'elles existent dans toute leur perfection. […] Nous sommes bien éloignés de vouloir avilir nos Contemporains : mais quelle comparaison entre ces temps de grandeur & d'élévation, de franchise & de bonne foi, où la soumission religieuse contenoit les esprits, fixoit les sentimens, régloit les mœurs, & ce temps de vertige où tout paroît permis, où l'on n'est retenu par aucun frein, où l'on craint plus de manquer aux bienséances qu'à la vertu, où les rangs décident la Justice, où l'intérêt public est continuellement sacrifié à l'intérêt particulier ? […] J'ai consulté les Philosophes, j'ai feuilleté leurs livres, j'ai examiné leurs diverses opinions : je les trouve tous fiers, affirmatifs, dogmatiques, même dans leur septicisme prétendu, n'ignorant rien, ne pouvant rien, se moquant les uns des autres ; & ce point commun m'a paru le seul sur lequel ils ont tous raison : triomphans quand ils attaquent, ils sont sans vigueur en se défendant.

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