La critique, telle que nous la comprenons, est fille du bon sens et du bon goût ; elle s’attache à reconnaître, à découvrir le mérite réel des écrivains, et tout en cherchant à nous garantir d’une vénération aveugle et irréfléchie, elle se complaît à éveiller en nous le sentiment du beau, en nous faisant partager son enthousiasme pour ce qui lui paraît digne d’admiration. […] Comme eux, nous choisirons ce qui nous paraîtra le plus digne de fixer nos regards ; vous aurez ensuite, à l’aide de ces fragments épars du génie d’un poète, à le comprendre en son entier, à l’exemple de ces architectes auxquels il suffit de quelques pierres mutilées pour reconstruire, sur le papier, tout l’ensemble d’un monument. […] Nous entendons partout se plaindre du petit nombre de bons lecteurs : comment se fait-il alors que personne ne songe à acquérir un talent dont l’absence paraît si regrettable ? […] Plein d’amour pour un art dont l’abandon me paraît coupable, plein de confiance surtout dans votre bienveillance, je m’efforcerai, dans ces études sur la lecture à haute voix, de joindre l’exemple au précepte, et j’aurai soin, autant qu’il dépendra de moi, de racheter la sécheresse des études théoriques par un choix de lectures qui, je l’espère, ne seront pas sans intérêt. […] Le hasard, qui de tout me paraît se mêler, Avait, dans ce château, pris soin de rassembler, Comme jadis Noé dans son arche sacrée, Des grands hommes du jour la foule bigarrée.