Villars paraît s’être acquitté fort convenablement de sa mission délicate d’ambassadeur auprès d’une cour naturellement très mécontente de Louis XIV et très alarmée de l’ambition qu’il témoignait à l’égard de la succession d’Espagne ; il sut y soutenir avec fierté et hauteur la dignité du roi son maître, amuser et contenir les ministres de Léopold, et suspendre, arrêter à temps la prise de possession provisoire, par les armées impériales, des états espagnols en Italie, tandis que le roi d’Espagne vivait encore et dans un moment où il s’y prêtait. […] Venant de parler des autres généraux en vogue et en renom, et de Villars même, qui était alors sur le pied de conquérant, Mme de Coulanges, dans une lettre à Mme de Grignan (1703), écrivait : Mais, madame, je m’amuse à vous parler des maréchaux de France employés, et je ne vous dis rien de celui dont le loisir et la sagesse sont au-dessus de tout ce que l’on en peut dire ; il me paraît avoir bien de l’esprit, une modestie charmante : il ne me parle jamais de lui… C’est un parfait philosophe, et philosophe chrétien ; enfin, si j’avais eu un voisin à choisir, ne pouvant m’approcher de Grignan, j’aurais choisi celui-là. […] Villars paraît, et l’on n’a plus affaire aux mêmes scrupules ni à la même réserve ; c’est ici un guerrier d’une autre famille que Catinat, mais, en tant que guerrier, d’une famille meilleure et plus faite pour l’action. […] Ce qui n’est que difficile ne lui paraît jamais impossible ; ce qu’on dit impossible le tente : l’extrême activité est un de ses moyens. […] [NdA] Dans la « Collection des documents inédits de l’histoire de France ». — Neuf volumes (et plus) de ces Mémoires militaires (de 1701 à 1709) ont paru.