Thiers a ses pages les plus heureuses. […] Raynouard, nommé rapporteur, présente à la Chambre le résultat du travail de la Commission l’historien a là une page que je mettrais volontiers à côté de telle de ses pages de jeunesse sur la mort des Girondins, sur les victoires encore républicaines des jeunes et brillants généraux de l’an V. […] Il y a dans ses écrits une grande diffusion de talent, si je puis dire ; le talent, comme un air vif et subtil, y est disséminé partout, et ne s’y réfléchit guère avec splendeur et couleur à aucun endroit en particulier ; il craint de paraître viser à l’effet, il se méfie de l’emphase ; c’est tout au plus si par places il se permet des portraits proprement dits, tels que ceux du roi de Prusse Frédéric-Guillaume et de l’empereur Alexandre (pages 424-457), et encore il les fait alors, beaucoup plus fins et-spirituels que saillants et colorés. Je veux pourtant donner cette page où respire l’esprit nouveau à sa naissance, où s’élève comme le premier souffle de cet air public qui va circuler et se développer durant plus de trente ans avec toutes les variations de sérénité et de tempête. […] Quelle page vive et neuve !