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500. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Dans ce temps, il arrivait, tous les jours, chez mon père, des bourriches de gibier, de poisson, de choses à manger, que lui envoyaient des malades qu’il avait guéris, des bourriches qu’on déposait, le matin, dans la salle à manger. Et en même temps, comme j’entendais sans cesse parler d’opérations, ainsi que de choses habituelles et ordinaires, je songeais sérieusement à prier mon père, de m’ôter le cœur. […] Mon père, un soldat, n’a jamais acheté un objet d’art, mais aux choses qui servaient au ménage, il leur voulait une qualité, une perfection, un beau non ordinaire. […] J’ai hérité de cette délicatesse de mon père, et le meilleur vin et la plus excellente liqueur, je ne puis les apprécier dans un épais cristal. […] Là, il me raconte ses misères, sa jeunesse passée jusqu’à vingt ans, aux Quinze-Vingt : son père étant devenu aveugle à trente-six ans.

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