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309. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Le père meurtrier arma l’épouse adultère, la mère criminelle suscita le fils parricide. […] Les chefs, avides de combats, n’écoutèrent ni ses prières, ni les douces plaintes qu’elle adressait à son père, et ils ne furent point attendris par sa jeunesse. […] Le Chœur lui jette des exécrations à la face, elle en rit et elle récrimine ; et elle évoque devant le père mort le pâle fantôme de sa fille sacrifiée aux vents de la Thrace, « comme une brebis de ses pâturages ». […] Mais sans doute Iphigénie, sa fille, viendra, comme il convient, au-devant de son père, avec un tendre baiser, sur la rive du Fleuve des douleurs, et elle le serrera dans ses bras. » Entre ces fureurs et ces ironies, un sombre enthousiasme saisit Clytemnestre ; elle se proclame surhumaine par l’excès même de son crime, irresponsable à force d’être atroce. […] » Le Chœur d’Eschyle a parfois les trivialités énergiques des populaces de Shakespeare. — Le nom d’Oreste revient dans ces invectives : les Vieillards invoquent l’enfant caché dans l’exil, ils le marquent pour la vengeance, avec le sang de son père.

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