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11. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Il était éclairé du côté du jardin par de grandes croisées qui s’ouvraient dans toute la hauteur de l’appartement ; construction alors extraordinaire, et qui, dît Sauvai, servit à la suite de modèle à beaucoup d’autres. À la suite de ce cabinet, il y en avait plusieurs autres qui s’ouvraient suivant l’affluence des personnes de la société7. […] L’inclination mutuelle des sexes est un sujet si fécond et si varié de conversation ; ils ont tant de choses à se dire pour faire entendre ce qu’il leur est prescrit de taire ; il faut tant de paroles pour expliquer cette prière muette 11 qu’ils s’adressent continuellement l’un à l’autre ; il faut partir de si loin, il va tant de circuits à faire pour arriver au but désiré, qu’on ne peut assez multiplier les occasions de se parler, de se communiquer, s’ouvrir assez de chances favorables, étendre la conversation à un assez grand nombre d’objets divers. […] C’était sous l’influence de l’heureux besoin dont les esprits étaient alors pressés, que s’ouvrait l’hôtel de Rambouillet aux gens de la cour ennemis des scandales, aux gens du monde poli de la capitale, aux gens de lettres de profession, aux esprits cultivés de toutes les classes ; c’était par cet intérêt que les femmes les plus distinguées y étaient amenées et reçues avec des hommes d’élite, par une des plus belles, des plus jeunes, des plus riches et des plus respectables femmes de la cour. […] Les juges mêmes qui l’interrogèrent (Ravaillac) n’osèrent en ouvrir la bouche, et n’en parlèrent jamais que des épaules .

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