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414. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former Quant à ceux qui n’entendent point les langues dans lesquelles les poëtes, les orateurs et même les historiens de l’antiquité ont écrit, ils sont incapables de juger par eux-mêmes de leur excellence, et s’ils veulent avoir une juste idée du mérite de ces ouvrages, il faut qu’ils la prennent sur le rapport des personnes qui entendent ces langues et qui les ont entendues. […] Il ne faut pas se laisser ébloüir aux discours artificieux des contempteurs des anciens, qui veulent associer à leurs dégoûts les sçavans qui ont remarqué des fautes dans les plus beaux ouvrages de l’antiquité. […] Virgile lui-même ne pourroit pas les y transplanter, d’autant que notre langue n’est pas susceptible de ces beautez, autant que la langue latine, comme nous l’avons exposé dans la premiere partie de cet ouvrage. […] D’un autre côté ceux qui sont surpris que des ouvrages dont la lecture les charme, dégoûtent ceux qui les lisent dans des traductions, ont autant de tort que les premiers. […] Le stile de l’historien n’est pas la principale chose qui nous interesse dans son ouvrage.

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