Plus de grands traits, plus de véhémence ; au lieu que si j’entends le personnage même, et que, pour ainsi dire, je reçoive la passion de la premiere main, j’y entre aussi-tôt, je la partage avec lui, les apostrophes et les autres figures me font illusion : de lecteur je deviens témoin : j’oublie le poëte, et je ne vois, je n’entends plus que l’acteur qu’il introduit, et qu’il fait parler. […] Il peint ensuite l’extremité où sont les grecs, et le besoin pressant qu’ils ont de son secours ; il lui rappelle les avis tendres que Pélée lui donna à son départ ; conseils qu’Achille a malheureusement oubliés ; mais dont il est tems de réparer l’oubli, en cédant aux offres d’Agamemnon. […] Il faut suivre l’histoire de l’opinion des hommes sur les poëmes d’Homere ; quand les lettres ont commencé à réfleurir dans les derniers siécles, on n’a pû parvenir à la connoissance de ses ouvrages, que par des études profondes ; il a fallu apprendre des langues presque oubliées, et dont il étoit impossible de discerner la force ni les graces particulieres.