Les Francs, — les Barbares d’outre-Loire, comme on disait il y a huit cents ans à Toulouse, — aidés d’ailleurs par quelques barbares d’outre-Rhin, envahirent et ravagèrent le pays d’oc, massacrèrent la fleur de ses fils, égorgèrent ou brûlèrent ses femmes, lui imposèrent leur parler et leurs lois, bref lui firent connaître toutes sortes de choses que nous avons pu apprécier d’assez près il y a quelque temps ; une précoce et puissante civilisation fut ainsi anéantie jusque dans son épanouissement suprême : sa langue, cette langue d’oc si miraculeusement belle que ses purs servants n’ont presque jamais osé la compromettre en vulgaire prose. […] Son buste, sculpté par de Groux, honore la place publique de ce village, et domine la grand’route qui mène à Paris… Fagus — Oui, le fait semble irrécusable : le Midi a fleuri en nombreux et riches poètes de langue d’oc ; on n’oserait même décider si Dante et Pétrarque étaient beaucoup plus toscans que provençaux. […] Il se peut, après tout, que la conquête du Midi par le Nord, au temps de la Croisade albigeoise, ait porté préjudice au génie de la langue d’oc, en bouleversant les institutions, en rompant la tradition des grands troubadours ; mais, j’ose à peine le dire ici… c’est la faute à Montfort ! Louis de Gonzague Frick Je suis parisien comme Mademoiselle Mistinguett, par exemple, mais j’aime trop Marseille pour oser écrire dans Les Marges et même ailleurs, qu’aucun des grands poètes de notre langue n’est du midi de la France.