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417. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Il est cauteleux, malin, en avorton nerveux qu’il est ; quand il souhaite une chose, il n’ose pas la demander rondement ; avec des insinuations et des manœuvres de style, il amène les gens à la mentionner, à la faire venir, après quoi il s’en sert. […] La Philosophie, qui jadis ne s’appuyait que sur le ciel, se rabat sur les causes secondes et disparaît ; la Religion rougissante voile son feu sacré, et la Moralité, sans s’en douter, s’éteint ; la vertu publique, la vertu privée n’osent plus jeter de flammes ; il n’y a plus d’étincelle humaine, il n’y a plus d’éclair divin. […] Il y a surtout Mackensie, « l’homme de sentiment », dont le héros timide, délicat, s’attendrit cinq ou six fois par jour, devient poitrinaire par sensibilité, n’ose déclarer son amour qu’en mourant, et meurt de sa déclaration. […] Ils ne se débarrassent pas de la draperie classique ; ils écrivent trop bien, ils n’osent pas être naturels. […] Il ne leur sert de rien d’être passionnés ou réalistes, d’oser décrire comme Shenstone, une maîtresse d’école et l’endroit sur lequel elle fouette un polisson : leur simplicité est voulue, leur naïveté archaïque, leur émotion compassée, leurs larmes académiques.

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