J’ai voulu relire récemment sa constitution, modèle qu’il présente aux hommes comme un type des sociétés politiques accomplies ; j’ose déclarer en toute conscience que le délire d’un insensé joint à la férocité d’un scélérat ne pouvait jamais arriver aux excès d’absurdité et aux excès d’immoralité de ce prétendu sage tombé en folie et en fureur pour avoir trop bu l’idéal dans la coupe de l’imagination. […] Il ose chercher étourdiment dans madame Dupin une autre madame de Warens ; une lettre trop tendre qu’il écrit à cette femme indulgente, mais sévère, ne reçoit qu’un sourire de dédain pour réponse ; mais l’intérêt de commisération qu’il inspire à madame de Broglie et à d’autres femmes de cette société lui fait obtenir un emploi de secrétaire intime du comte de Montaigu, ambassadeur de France à Venise, avec un appointement de cinquante louis. […] ) Voilà un philosophe qui compose un système d’éducation exclusif pour l’aristocratie, cette exception du peuple, système tel qu’une nourrice de bonne maison n’oserait pas y débiter tant de chimères dans un conte de fées ; système tel qu’un Aristote, dans la cour d’Alexandre, aurait besoin pour le proposer et pour l’exécuter que chaque père et chaque enfant appartinssent à la caste des opulents dans un peuple de satrapes !