» Massillon prêche contre la guerre, demande ce que les siècles futurs diront de ces monuments élevés pour éterniser la mémoire d’un carnage, rappelle qu’à l’origine tous les biens appartenaient en commun à tous les hommes et que la simple nature ne connaissait ni propriété privée ni partage. […] Il songea à l’établir au Brésil, à Madagascar, sur les bords de la mer d’Aral ; puis il se convainquit que le siècle de fer où il vivait ne se prêtait pas à cette résurrection des mœurs innocentes qui avaient dû, suivant lui, exister à l’origine des temps, et il se décida, non sans soupirer, à reporter dans le passé ses rêves d’avenir, à se réfugier dans l’antiquité, à imaginer en Arcadie un peuple de bergers et de laboureurs vivant dans la paix, la candeur et la prospérité. […] Dans la première moitié du xviiie siècle, la bourgeoisie aisée, en y comprenant la noblesse de robe, me paraît avoir été la plus riche ; il suffit de citer Voltaire, Montesquieu, Marivaux, Fontenelle, Mairan, Vauvenargues, Crébillon, la Chaussée ; et il est permis de croire qu’il y a une harmonie entre leur origine et leur éducation, leur situation sociale et les qualités fines, spirituelles, élégantes d’une littérature hostile, il est vrai, à l’Église et à la monarchie absolue, mais discrète encore dans ses désirs d’innovation et tempérée dans ses hardiesses.