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32. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Rêveries sur un empereur »

Il est incontestablement original. […] Sûrement, il y a autre chose… » Le second acte original du jeune Empereur, ç’a été de briser l’homme qui représentait sans doute, en Allemagne, la politique nationale, mais aussi la vieille politique, celle des Richelieu, des Frédéric, des Napoléon, celle qui d’ailleurs a duré beaucoup plus longtemps que les conditions historiques qui la justifiaient, la politique du temps où les groupes humains étaient imparfaitement constitués, où les patries étaient multiples et incertaines, où les peuples pouvaient encore être considérés comme des fiefs et des héritages, où les guerres étaient guerres de princes et non de peuples. […] Mais, s’il la faisait, il pourrait se glorifier d’avoir été, moralement, le plus grand des pasteurs d’hommes, d’avoir accompli un acte prodigieusement méritoire et original, et d’avoir, le premier de tous, rompu avec la vieille politique égoïste et inauguré les temps nouveaux… Notez que si une âme droite, simple et bonne, qui ne serait point de race royale, qui ne serait retenue ni par l’éducation ni par la tradition, si un véritable enfant de Dieu se trouvait subitement, comme dans les contes, élevé sur le premier trône de l’Europe, toutes ces choses extraordinaires et folles, il les ferait, du premier coup, avec sérénité.

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