Virgile, imitant un poëte d’Alexandrie, mais avec une sensibilité tout originale, nous semblait lui devoir en partie ces vers d’un charme sans égal, où le repos de la nature est dépeint à côté du trouble de Didon : Nox erat, et placidum carpebant fessa soporem Corpora per terras ; silvæque et sæva quierant Æquora, cum medio volvuntur sidera lapsu ; Cum tacet omnis ager ; pecudes pictæque volucres, Quæque lacus late liquidos, quæque aspera dumis Rura tenent, somno posita sub nocte silenti, Lenibant curas et corda oblita laborum ; At non infelix animi Phœnissa. […] Des hommes perfides du haut de la nef m’avaient jeté dans les flots soulevés du courant61. » À part les désinences doriques affectées par l’original, ne sent-on pas ici, jusque dans la simplicité des tons, le calcul d’un art plus moderne, comme nous le sentons, pour le moyen âge, dans quelques ballades récentes en vieux langage de France, d’Espagne ou d’Angleterre ?