Fénelon n’avait pas de successeur pour la tendresse insinuante et fleurie, pas plus que Malebranche pour l’ordre majestueux et lucide. […] Vous vous dites sans cesse inspirés par les cieux, Et vous ne frappez plus notre oreille, nos yeux, Que par le seul tableau des choses de la terre ; Quelques traits copiés de l’ordre élémentaire. […] La Révolution frappa sa famille comme toutes celles qui tenaient à l’ordre ancien par leur naissance et leurs opinions : les plus reculés souvenirs de Lamartine le reportent à la maison d’arrêt où on le menait visiter son père. […] S’il était possible d’assigner aux vrais poëtes des heures naturelles d’inspiration et de chant, comme cela existe dans l’ordre de la création pour certains oiseaux harmonieux, nous dirions, sans trop de crainte de nous tromper, que Lamartine chante au matin, au réveil, à l’aurore (et réellement la plupart de ses pièces, celles même où il célèbre la nuit, sont écloses à ces premiers moments du jour ; il ébauche d’ordinaire en une matinée, il achève dans la matinée suivante). […] Il n’immole aux vastes pressentiments qu’il nourrit ni l’ordre continu de la tradition, ni la croyance morale des siècles, le rapport intime et permanent de la créature à Dieu, l’humilité, la grâce, la prière, ces antiques aliments dont le rationalisme veut enfin sevrer l’humanité adulte.