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540. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

« J’allai le consulter un jour, raconte Pétrarque, dans un de ces accès de découragement dont j’étais quelquefois saisi et abattu ; il me reçut avec sa bonté ordinaire : Qu’avez-vous, me dit-il, vous me paraissez tout mélancolique ? […] Un jour qu’il était sorti de Parme pour se dissiper à l’ordinaire, le goût de la promenade l’ayant entraîné, il passa la rivière de Lenza, qui est à trois lieues de la ville, et se trouva sur le territoire de Rheggio, dans une grande forêt qu’on nomme Silva piana quoiqu’elle soit sur une colline fort élevée, d’où l’on découvre les Alpes et toute la Gaule cisalpine. […] Comme il était constant qu’on ne passait pas le troisième jour après que le mal s’était manifesté par les symptômes ordinaires, elle prit d’abord les précautions que sa piété et sa raison lui suggérèrent : elle reçut les sacrements et fit son testament le même jour ; ensuite elle se prépara à la mort sans inquiétude et sans regret. […] Rien ne fait mieux l’éloge de son caractère, dont la bonté suspendait les effets ordinaires de la jalousie et de l’envie. » Il faut convenir cependant que, de la façon dont Pétrarque s’exprime, il semble que ces dames étaient attirées par la curiosité de voir comment on fait ce passage que tout le monde est obligé de faire, et qu’on ne fait qu’une fois.

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