Dans la presse, lorsqu’un nouveau livre important paraît, il est d’ordinaire examiné ou agité par cinq ou six des plus habiles feuilletonistes ou chroniqueurs littéraires qui tous, dans l’espace de quelques semaines, y viennent tour à tour s’exercer, tournoyer, jouter, pousser ou briser une lance comme à un jeu de bague ou dans une quintaine. […] On conçoit l’admiration de Henri IV pour de tels vers et qu’il ait voulu, après les avoir entendus, s’attacher Malherbe comme le poète le plus fait pour exprimer au vif l’idée de son règne, comme son poète ordinaire, capable de consacrer avec éclat et retentissement sa politique réparatrice et bienfaisante. Malherbe est monarchique ; il est par nature homme d’ordre et d’autorité ; il est d’avis qu’il faut laisser les affaires d’État à ceux qui y sont commis ; et ce n’est pas seulement dans une Épître dédicatoire qu’il disait : « Pour moi qui ai toujours gardé cette discrétion de me taire de la conduite d’un vaisseau où je n’ai autre qualité que de simple passager, le meilleur avis que je puisse donner à ceux qui n’y sont que ce que je suis, c’est de s’en rapporter aux mariniers et se représenter que la voie ordinaire que tiennent les factieux pour exciter les peuples à mal obéir, c’est de leur faire entendre qu’ils ne sont pas bien commandés. » Il pensait et s’exprimait ainsi en toute circonstance. […] Parlant par la bouche d’un Socrate chrétien, il a cru devoir mépriser ce que ce Socrate méprise, et il a fait le rôle d’un autre, en poussant son hyperbole à son ordinaire et en épuisant son développement. […] Il faudrait : au Génie de la France ; le mot Démon, pris en bonne part et opposé à des âmes d’Enfer, à des Démons pris dans le sens ordinaire, fait une légère confusion.