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1046. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Le terme de cette révolution périodique pour les individus, et pour les nations, amène communément l’usage de tout décomposer : dès lors tombe l’idéal et rien de ce qui excède la mesure ordinaire de l’intelligence répartie à la multitude, ne paraît admissible à la raison : la crainte du chimérique et de l’absurde repousse le brillant voile dont la fiction habille la vérité. […] L’action du poète qui se passe au-delà de l’existence matérielle, n’est ordinaire ni physique, mais en tout idéale et spirituelle. […] Ici des beautés ordinaires d’exécution ne rachètent pas la disjonction des parties du plan, aussi bien que les beautés extraordinaires du poète de Mantoue. […] On lit une remarque précise dans Addison : « Si la fable est seulement probable, elle ne diffère en rien d’une véritable histoire ; si elle est seulement merveilleuse, c’est un vrai roman : le point est de donner un air de vraisemblance au merveilleux : on le peut concilier avec le vraisemblable, en introduisant des acteurs capables, par la supériorité de leur nature, d’effectuer le merveilleux qui n’est pas dans le cours ordinaire des choses. » Or nous déduirons de là, qu’il y a deux sortes de nécessaire et deux sortes de vraisemblable, un ordinaire et un extraordinaire. Les hommes agiront, parleront selon la nécessité des circonstances qui leur sont naturellement relatives, et tout ce qui excédera leur force et leur caractère dans leurs faits ou dans leurs discours, sortira vicieusement du nécessaire et du vraisemblable ordinaires.

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