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1969. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Mais comme ils sont à Londres toujours réunis en une même enceinte, les plus nombreux et les plus robustes, qui ne sont nulle part les plus éclairés, imposent leurs opinions ou leurs sentiments à l’assemblée entière et c’est leur goût qui triomphe. […] Venons pourtant au principal reproche que nous adressent les partisans de la tragédie romantique, c’est que la nôtre ne représente pas l’histoire avec assez de vérité ; mais sur ce point écoutons d’abord Johnson : « Shakespeare, dit-il, n’avait aucun égard à la distinction des temps et des lieux ; il attribue sans scrupule à un âge, à un personnage, les opinions, les mœurs, les institutions d’un autre pays et d’une autre époque, aux dépens non seulement de la vraisemblance, mais de la possibilité. » À ce jugement si formel et si précis, on répondra qu’au moins, dans Shakespeare, et encore plus dans Schiller, les faits matériels sont littéralement extraits des chroniques ; que Mézerai n’est pas plus exact, qu’il ne l’est même pas toujours autant.

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