/ 1667
1528. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Ensuite et surtout il faut observer que si, au xviiie siècle, féodalité et pouvoir ecclésiastique sont encore assez vivants pour qu’on les attaque, ont encore assez de poison pour qu’on les veuille tuer, la pire erreur serait, au xixe  siècle, de rester dans le même esprit et de continuer à se battre contre des forteresses qui ne sont plus que des ombres de moulins à vent. — Et c’est pourtant ce qu’on fait autour de nous. […] Je dirai même que l’esprit trouve dans cette proposition qu’on lui fait une sorte, ou je ne sais quelle ombre, d’hypocrisie. […] Si Luther et Calvin se fussent contentés d’établir la liberté des cultes sans rien ajouter, il n’y aurait jamais eu l’ombre d’une révolution religieuse au xvie  siècle. […] Est-ce la science, laquelle ne fait qu’enregistrer et classer des milliards d’actes immoraux et des centaines d’institutions immorales, magnifique organisation au point de vue intellectuel ou esthétique, au point de vue moral horrible et monstrueux chaos, d’où jamais, depuis des monceaux de siècles, une lueur, une étincelle ou une ombre de moralité n’est sortie, si bien qu’à prolonger dans le passé l’histoire démesurée de la nature, la science ne fait qu’augmenter et élargir à l’infini le scandale de l’immoralité de l’univers ?

/ 1667