/ 2969
34. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Je ne sais, en somme, que me décrire moi-même dans mon contact avec les œuvres qui me sont soumises. […] Brunetière est incapable, ce semble, de considérer une œuvre, quelle qu’elle soit, grande ou petite, sinon dans ses rapports avec un groupe d’autres œuvres, dont la relation avec d’autres groupes, à travers le temps et l’espace, lui apparaît immédiatement ; et ainsi de suite. […] * * * * * … Il est, pour le moins, deux façons d’entendre la critique des œuvres littéraires. […] Ou bien, quand l’œuvre est d’importance et qu’on veut « élever ses vues », on s’efforce de la situer historiquement dans une série de productions écrites ; ou bien, on recherche quel moment elle marque dans le développement, la dégénérescence ou la transformation d’un genre  les genres littéraires étant considérés comme un je ne sais quoi de vivant et d’organique, qui existerait indépendamment des œuvres particulières et des cerveaux où elles ont été conçues… Cette critique-là, qui n’est qu’une idéologie, exclut presque entièrement la volupté qui naît du contact plein, naïf, et comme abandonné, avec l’œuvre d’art. […] L’autre critique consiste à définir et expliquer les impressions que nous recevons des œuvres d’art.

/ 2969