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682. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Cet homme contenu, cet ajusteur, cet archer qui tirait toujours à l’œil droit de Philippe ou au talon d’Achille et qui ne les manquait jamais, ne se cambrait point en Apollon du Belvédère quand il avait lancé sa flèche. […] Telle est la grande caractéristique dominante qui saute aux yeux, quand on lit Gozlan, et qui y reste, quand on l’a lu. […] Ce n’est pas le lion ailé de Saint-Marc, ni le griffon héraldique, mi-parti d’épervier, de certains blasons anglais ; c’est un serpent qui aurait des ailes aussi nuancées que des queues de paon, un serpent semblable à la couleuvre de la Légende, qui a un diamant dans la tête, dans les dents, dans les yeux, partout ! […] Gozlan avait longtemps vécu dans l’intimité de Balzac, comme il était allé je ne sais où en Afrique sur un vaisseau négrier, et il avait gardé ces deux coups de soleil : l’impression de Balzac sur sa pensée, la lumière d’Afrique dans ses yeux ; il s’était doré à ces deux choses.

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