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542. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

À ses yeux, qui ne manquent pas de superbe, les histoires de Thiers, Lamartine et Louis Blanc ne sont que des histoires partielles de la Révolution, et par conséquent, malgré le plus ou moins de talent dont elles brillent, des relations incohérentes, titubantes et contradictoires. […] nous ne contestons pas son poignet au nouvel historien, mais nous ne croyons pas qu’il parvienne à exécuter le tour de force qu’il se propose, et le volume que nous avons sous les yeux le prouve suffisamment, du reste. […] Ce volume-ci a beau brusquer les faits pour les faire aller plus vite ; il a beau les pousser, les presser et les entasser ; ou ils résistent par leur masse même à cette rapidité que l’auteur est tenu de leur imprimer, s’il veut remplir les conditions de son programme ; ou ils ne résistent pas, et alors ils passent trop vite sous les yeux pour former cette chose de discernement et de renseignement qu’on appelle une histoire. […] Quoiqu’il se garde bien de nous en faire la théorie, sa philosophie fataliste et révolutionnaire saute aux yeux dès les premières pages, et elle y est élevée à une puissance telle qu’elle ne discute plus, qu’elle ne déclame plus, mais que, sûre d’elle-même, elle est profondément indifférente à tout ce qui n’est pas la Révolution et son résultat.

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