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1206. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Tout ce que l’oreille entend, tout ce que l’œil contemple sur ce superbe théâtre n’existe que par une pensée de la tête puissante qui fit sortir d’un marais tant de monuments pompeux. […] Il n’y aurait que désordre et iniquité parmi les hommes si la peine cessait d’être administrée ou si elle l’était injustement ; mais, lorsque la peine à l’œil de feu se montre pour anéantir le crime, le peuple est sauvé si le juge a l’œil juste… etc., etc. » On voit par ce terrible et sublime passage du livre indien qu’il y avait des de Maistre, des Platon, des Bossuet en ce temps-là aux bords du Gange. […] Il sait combien la tête du requin ou du cachalot lui fournira de barriques d’huile ; son épingle déliée pique sur le carton des musées l’élégant papillon qu’il a saisi au vol sur le sommet du mont Blanc ou du Chimboraço ; il empaille le crocodile, il embaume le colibri ; à son ordre le serpent à sonnettes vient mourir dans la liqueur conservatrice qui doit le montrer intact aux yeux d’une longue suite d’observateurs. […] Le publiciste de l’infaillibilité des papes poussait la révolte jusqu’au sarcasme et jusqu’à des vœux de mort contre le pontife représentant de l’autorité divine à ses yeux. […] L’Italie secoue son sol pour engloutir ce régime autrichien que vous détestiez parce qu’il était à vos yeux trop complaisant pour la révolution française.

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