Avocat général à vingt-deux ans, je l’ai dit, et procureur général à trente-deux, d’Aguesseau eut à se prononcer dans les affaires ecclésiastiques qui n’occupèrent que trop cette fin du règne de Louis XIV. […] S’il lui arrive, dans les commencements, de traiter quelque sujet politique et économique à l’ordre du jour, ce n’est que par acquit de conscience et par manière de passe-temps, et il compare avec une grâce toute chrétienne ce travail inutile à ces corbeilles que tressaient les solitaires de la Thébaïde pour occuper leurs loisirs, et qu’ils jetaient souvent au feu à la fin de la semaine, quand ils ne trouvaient pas à en faire usage. […] À un ami qui faisait de la métaphysique à la veille du mariage, il écrivait finement : « Vous êtes peut-être le premier homme qui, à la veille de se marier, n’ait été occupé que de la spiritualité de l’âme. » Au cardinal Quirini, qui le visitait à Fresnes, et qui lui disait dans sa bibliothèque : « C’est donc ici qu’on forge des armes contre le Vatican ?