S’il est bien démontré que Dumas fut à la fois un romancier, et la raison sociale d’une fabrique de romans conformes aux derniers progrès, où beaucoup, comme le blanc et le carmin de la doña Elvira du sonnet, n’étaient à lui que parce qu’il les achetait ; s’il est certain que l’on a prouvé irréfutablement l’impossibilité physique d’écrire autant qu’il publiait ; si quand il eut un procès avec les directeurs de la Presse et du Constitutionnel, ceux-ci établirent que, sans préjudice de ses autres travaux, il s’était engagé à leur donner chaque année un plus grand nombre de pages que n’en peut écrire le copiste le plus diligent ; s’il est prouvé que non-seulement il contractait et tenait tous ses engagements, mais qu’il voyageait, vivait dans le monde, fréquentait les coulisses des théâtres et les rédactions de journaux, qu’il s’occupait de politique et de galanterie, il est encore admirable qu’il ait pu écrire la quantité prodigieuse de livres qui lui appartiennent sans contestation possible, lire et retoucher les livres d’autrui, qui devaient voir le jour poinçonnés de son nom. […] Stendhal analyse et dissèque l’âme humaine, et quoique Zola n’en convienne pas, qui réussit dans ce genre d’études, occupe un haut rang dans les lettres. […] Pour ne pas mourir littéralement de faim, il occupa d’humbles emplois et tint pour un grand bonheur de pouvoir entrer dans la maison de librairie de M. […] Quand il emploie certains diminutifs, certaines phrases de pitié ou d’ennui, nous entendons la pensée du personnage formulée par la bouche de l’auteur, sans qu’il soit besoin de ces sempiternels monologues qui occupent tant de pages chez d’autres romanciers.