M. de Marcellus n’hésita pas un moment entre sa passion naturelle, l’ambition, et son honneur de famille : il se retira, triste mais résolu, dans la campagne et dans les lettres ; il passa les quinze plus belles années de sa vie dans ces loisirs occupés qui lui tenaient lieu de tout, cariatide de sa bibliothèque à Audour et à Paris. […] J’entrevis l’espérance de les avoir en ma possession ; je fis entendre au pacha qu’Ali-Bey s’occupait uniquement d’astronomie ; qu’il allait à la Mecque par ordre de son roi, pour y mesurer le soleil, qu’il savait bien y être plus grand qu’ailleurs (c’est une croyance de l’islamisme) ; que ce qu’il laissait après lui formait l’héritage de son fils Osman-Bey, qui habitait le royaume de Fez ; et qu’enfin, pour profiter des écrits de ce savant, il fallait traduire ses observations en arabe : j’offris de me charger de ce travail ; mes motifs allaient être goûtés, je m’en flattais du moins, quand le pacha fut destitué. […] J’ai appris avec étonnement que ses voyages avaient dérangé sa fortune ; je ne lui ai jamais vu qu’un équipage très mince, et il s’est beaucoup plus occupé des femmes d’Alep que des hommes du désert.