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1112. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

De plus, ces peuplades, de race et de religion semblables, telles que les Grecs, par exemple, ne sont pas contiguës les unes avec les autres sur la surface des territoires qu’elles occupent, de manière à former un noyau, une unité quelconque de peuple ; mais elles sont séparées par d’autres groupes de populations différentes qui interceptent les communications entre elles et qui leur sont antipathiques : en sorte que les populations supposées habiles à succéder aux Turcs forment une véritable mosaïque de peuples concassés, comme le granit sous le pilon, en véritable poussière d’hommes qui ne peut plus se conglomérer en masse imposante. […] La puissance du continent occupé par les Allemands et les Russes sépare la France de la Turquie d’Europe ; la largeur de la Méditerranée la sépare de la Turquie d’Asie. […] Ces deux civilisations tendent à se rapprocher et à se fondre : votre politique est de favoriser ce progrès parallèle, en maintenant l’empire ottoman à la place qu’il occupe sur la carte, et en protégeant par un grand concordat politique avec le chef nominal, et en ce moment très vertueux, de cet empire, les populations tributaires du Grand-Seigneur par le gouvernement, et tributaires de l’Europe par l’origine, les mœurs, les religions ; c’est ce grand concordat entre la Turquie et l’Europe qui doit être en ce moment la pensée dominante de la diplomatie française.

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