Thiers n’a jamais manqué, à l’occasion, de se prononcer contre cette disposition d’esprit si commune de nos jours, qui consiste à se replier sur soi, à s’analyser, à raconter ses propres émotions au lieu de chercher à s’en procurer de nouvelles ou d’en produire chez d’autres ; il appelle cela le genre impressif et le croit contraire à la destinée naturelle de l’homme, laquelle est plutôt dans le sens actif. […] Cette histoire, qui a eu tant de vogue et d’influence, une influence qui n’est pas épuisée encore, fut commencée un peu au hasard, et naquit par occasion. […] L’histoire, pour lui, c’est donc l’occasion, le moyen, l’application, comment dirai-je ? […] N’oublions pas toutefois que, dans les simples et admirables pages où il raconte, après le 9 thermidor, la condamnation et la mort stoïque de Romme, Goujon, il s’écrie avec âme : « On profita de cette occasion pour ordonner une fête commémorative en l’honneur des girondins. […] Thiers en prit occasion pour de gracieuses avances ; il voulut rendre compte lui-même, dans le National, de la séance de réception et de la publication des Harmonies.