Chénier aurait désiré, ce semble, qu’il fût possible d’introduire dans l’appréciation des œuvres de l’art l’infaillibilité du calcul, la rigueur des démonstrations mathématiques, ou tout au moins la certitude des faits qui tombent sous l’observation et que tous les yeux voient nécessairement de même. […] Le roman antique n’était qu’une idylle ou qu’une satire philosophique, souvent saupoudrée d’obscénités ; le roman moderne est un drame-apologue essentiellement humain, c’est-à-dire vivant par l’observation, qui est l’histoire inédite, ou par l’histoire écrite, qui est la série des faits que fixa l’observation. […] Le roman, dont la mission est de prouver en racontant, cherche la vérité dans l’histoire morte, qui est l’histoire proprement dite, ou dans l’histoire vivante, qui est l’observation. […] Il faudrait remonter peut-être jusqu’à Antony pour trouver chez Alexandre Dumas l’observation et la passion qui lui sont propres. […] Malgré moi, je passe sous silence sans doute, et je leur en demande pardon du meilleur de mon cœur, des jeunes gens d’imagination, d’observation, de travail, des amis peut-être, qui souffraient hier, qui combattent aujourd’hui et qui, demain, seront des vainqueurs.