La morale de La Bruyère, c’est celle de Montaigne, de Molière, de La Fontaine, de Boileau ; c’est tout ensemble une grande liberté d’observation, qui reste d’ailleurs dans les limites de la convenance, et une certaine indifférence qui laisse à chacun ses défauts, et qui paraît satisfaite qu’un homme imparfait ne soit pas pire. […] La partie dogmatique du livre s’augmentait dans la même mesure ; toute observation de mœurs qui ne pouvait pas prendre un corps et un visage paraissait sous la forme d’une réflexion ou d’un aphorisme. […] Quoique le plan du livre le divise par chapitres dont chacun porte un titre distinct, La Bruyère ne s’y astreint pas si étroitement qu’un certain nombre d’observations ne trouvent à s’appliquer hors de ce cercle et ne soient plus générales que le titre.