/ 2398
823. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Je ne sais, mais je soupçonne que cet anneau a, dans l’instant même, rappelé à son souvenir quelque objet tendrement aimé ; car, à peine l’eut-il considéré, que notre souverain, naturellement si profond et si calme, a trahi dans tous ses traits le trouble de son âme. […] sa petite main porte distinctement les lignes mystérieuses, pronostic certain de la souveraineté : je les vois briller, ces lignes, légèrement entrelacées en réseau le long de ses doigts délicats, tandis qu’il les étend pour saisir avec avidité l’objet qu’il désire. […] l’homme en est ordinairement réduit à former longtemps des vœux ardents avant d’obtenir la possession de l’objet désiré ; mais, dans l’excès de vos bontés, vous avez même prévenu tous mes souhaits. […] … Il faut que cette imprécation ait été lancée contre moi dans un moment où mon âme était toute concentrée dans l’objet de mon amour, et que mes compagnes seules l’aient entendue ; car je me rappelle fort bien ces paroles qu’elles m’ont dites à mon départ, d’un ton de voix qui trahissait leur inquiétude : « Si le roi refusait de te reconnaître, n’oublie pas de lui montrer son anneau. » Hélas ! […] Tel un miroir dont la surface est ternie ne peut recevoir l’image d’un objet qui s’y peint ensuite avec la plus grande fidélité, dès qu’on lui a rendu son premier poli.

/ 2398