Ce genre de beautés faites pour le petit nombre, est proprement l’objet du goût, qu’on peut définir le talent de démêler dans les ouvrages de l’art ce qui doit plaire aux âmes sensibles et ce qui doit les blesser. […] Ainsi le même esprit philosophique, qui nous oblige, faute de lumières suffisantes, de suspendre à chaque instant nos pas dans l’étude de la nature et des objets qui sont hors de nous, doit au contraire, dans tout ce qui est l’objet du goût, nous porter à la discussion. […] C’est ainsi qu’un physicien réduit au seul sentiment de toucher, prétendrait que les objets éloignés ne peuvent agir sur nos organes, et le prouverait par des sophismes auxquels on ne pourrait répondre qu’en lui rendant l’ouïe et la vue. […] Il ne suffit pas à un philosophe d’avoir tous les sens qui composent le goût ; il est encore nécessaire que l’exercice de ces sens n’ait pas été trop concentré dans un seul objet. […] Elle consiste à transporter aux objets du goût des principes vrais en eux-mêmes, mais qui n’ont point d’application à ces objets.