Un document n’est pas un objet d’art, c’est tout au plus une pierre pour le sculpteur ou l’architecte qui exécutera le plan qu’il aura conçu. […] » Étrangement surpris de l’ingrate mémoire de ce joyeux quidam en habit indigo, je lui tournai les talons et m’acheminai vers la toiture qu’il m’avait désignée et sous laquelle je fus on ne peut mieux accueilli par un vieillard des plus amènes, ex-rédacteur des Débats, où Jules Janin l’avait casé jadis, et de qui je regrette fort d’avoir égaré la carte qu’il me remit là. « Monsieur, ou plutôt, si vous permettez que je vous appelle ainsi, mon cher confrère, êtes-vous bien sûr, bourdonna-t-il après que nous eûmes échangé quelques paroles relatives à l’objet de ma demande, êtes-vous bien sûr que le magicien ès lettres (il connaissait évidemment la dédicace de mon maître à cet autre maître, Théophile Gautier) ait été inhumé dans ce lieu ? […] Le vers qui de plusieurs vocables refait un mot total, neuf, étranger à la langue et comme incantatoire, achève cet isolement de la parole : niant, d’un trait souverain, le hasard demeuré aux termes malgré l’artifice de leur retrempe alternée en le sens et la sonorité, et vous cause cette surprise de n’avoir oui jamais tel fragment ordinaire d’élocution, en même temps que la réminiscence de l’objet nommé baigne dans une clairvoyante atmosphère. […] Et les deux bons vieux domestiques, Aux mollets maigres et nerveux, Portent l’objet de tant de vœux Comme on porterait des reliques. […] Il s’agit d’une nouvelle édition des Sonnets du docteur, un véritable objet d’art, imprimé par Darantière, de Dijon, et illustré de deux dessins de Rops.