MOI, j’avais pris pour maxime de me dissimuler soigneusement et de réfléchir l’objet aussi nettement que possible. » Ainsi, dès le début, cet homme sans personnalité fait taire bien aisément la sienne, et, se créant un procédé à contrario de ce qu’il prend peut-être pour un procédé dans Sterne, il imite les choses en les renversant. […] Goethe est tout à la fois dans ce portrait un vieux magnifique beau, un vieux amateur d’objets d’art, un vieux solennel secrétaire perpétuel d’un Institut quelconque, et un vieux impresario à la majesté consacrée pour ses pensionnaires. […] Il se remettait à décrire les objets extérieurs, cet œil sans cœur et sans cerveau, comme dans ses Élégies romaines, qui ne sont pas des élégies, mais des descriptions de la campagne de Rome ; ou, revenant à son procédé d’imitation et de pastiche, — la seule poétique à son usage, — il singeait assez bien une littérature dans laquelle il avait vécu et glané, et il composait son Divan, la meilleure chose qu’il ait, je ne dis pas sentie, mais écrite. […] Pour parler le patois allemand, l’objet emportait le sujet, mais le sujet n’avait pas l’ardeur de facultés qui plonge dans l’active contemplation de la Nature. […] Naturaliste à microscope plus qu’à longue-vue, qui regardait encore plus qu’il ne voyait ; myope attentif et chercheur d’atomes, qui, s’il ne s’était bouté le nez sur l’objet, ne l’aurait même pas aperçu.