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617. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Jamais patient, agenouillé en chemise soufrée, le cierge de cire jaune lié au poing, devant le portail de Notre-Dame, et balbutiant, d’une voix étranglée par la peur, une amende honorable écrite en latin d’autodafé ne fut, à mon sens, plus piteux et plus lamentable que ce bourgeois forcé de se mettre à genoux, en bonnet de nuit, la chandelle à la main, devant sa « pendarde de femme », et d’avaler, sans grimace, l’amer déboire d’avoir tort quand il a raison. […] Elle est cet ange mystérieux avec lequel Jacob se battit et s’essouffla toute une nuit. […] Sous la pluie d’or miraculeuse qu’elle épanche, les palais surgissent, les jardins se dessinent, le bronze fermente, les statues s’élancent du marbre fait chair, les toiles s’animent et se colorent, les tissus ondulent en flots mouvants de pourpre et de soie, les diamants jaillissent de la terre obscure, comme les étoiles du ciel de la nuit, et viennent d’eux-mêmes se poser sur la couronne des rois, sur le front des femmes ? […] beaucoup d’astronomes, et M. de Montrigaud, entre autres, a pu l’observer pendant bien des nuits.

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