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443. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais couler dans mon cœur comme un ruisseau d’une lave ardente ; quelquefois je poussais des cris involontaires, et la nuit était également troublée de mes songes et de mes veilles. […] « Ce dernier cri est presque un écho fidèlement répété : « Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie… » Mais René a plus d’énergie que Lamartine et que tous les Jocelyns du monde quand il continue en ces immortels accents : « La nuit, lorsque l’aquilon ébranlait ma chaumière, que les pluies tombaient en torrent sur mon toit, qu’à travers ma fenêtre je voyais la lune sillonner les nuages amoncelés, comme un pâle vaisseau qui laboure les vagues, il me semblait que la vie redoublait au fond de mon cœur, que j’aurais eu la puissance de créer des mondes. […] Combien de fois la barque errante Berça sur l’onde transparente Deux couples par l’Amour conduits, Tandis qu’une déesse amie Jetait sur la vague endormie Le voile parfumé des nuits ! […] » Et encore, toutes ces stances célestes sur Ischia : Maintenant sous le ciel tout repose ou tout aime : La vague, en ondulant, vient dormir sur le bord ; La fleur dort sur sa tige, et la nature même, Sous le dais de la nuit, se recueille et s’endort.

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