Je revenais, par un ciel de printemps, de Rome à Florence ; j’avais passé la nuit dans la ville pastorale de Terni, ville répandue au milieu des eaux et des arbres dans la vallée sonore, assourdie des cascades et rafraîchie de l’écume du Vellino. […] Je me souviens de l’avoir vue un matin d’une nuit sans sommeil, pendant laquelle elle avait veillé à côté du berceau d’un enfant malade de la comtesse O’Donnel, sa sœur. […] Les meubles dispersés dans l’asile nocturne, La lampe qui fumait, oubliée au soleil, Étalaient ce désordre, emblème taciturne D’une nuit sans sommeil. […] Au bord de tes yeux bleus tremblaient deux larmes pures : La pervenche à ses fleurs ainsi voit s’étancher Deux perles de la nuit, que les feuilles obscures Empêchent de sécher. […] Je n’oublierai jamais l’inspiration de son visage et l’émotion de sa voix quand elle nous lisait, le jour, ce qu’elle avait composé la nuit.