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211. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

De cet atelier, je suis tombé à la nuit tombante dans l’atelier de Galland, le peintre-décorateur, dans cet atelier qui, en sa grandeur de cathédrale et avec son peuple mythologique de petites maquettes, au milieu de ses grisailles mourantes, semblait s’ouvrir à l’éveil crépusculaire d’un Olympe de Lilliput, ressuscitant la nuit. […] Et le soir, presque endormi de fatigue, avec beaucoup de vague dans la cervelle, je suis couché au fond d’une barque, que mon machabée fait glisser, sans bruit, au milieu de la nuit et des ombres étranges des deux bords. […] La princesse faisait, demi couchée sur un grand divan, l’espèce de sieste réfléchissante, qu’elle a l’habitude de faire, tous les jours, à la tombée de la nuit. […] Ces débauches d’art — celle de ce matin m’a coûté beaucoup de cents francs — me laissent comme la fatigue et l’ébranlement d’une nuit de jeu. […] Là, est le grand divan de perse, où, à la tombée de la nuit, à cette heure qui l’attriste, elle fait sa petite sieste mélancolique.

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