Ces Dialogues, qui se passent tantôt entre lui et Sophie, tantôt entre Sophie et une amie (Mme de Saint-Belin), sont écrits avec pureté et fermeté, dans ce que j’appellerai le bon style de Rousseau, le style des lettres et des conversations de La Nouvelle Héloïse. […] Mirabeau profite de cette insistance de la marquise au sujet de Belinde pour lui fournir la preuve la plus satisfaisante qu’il n’est point amoureux de celle-ci : « C’est, dit-il, que je le suis d’une autre. » Là-dessus questions, raillerie, curiosité coquette et imprudente, déclaration moins qu’à demi voilée, impatience et curiosité nouvelle, puis l’entière déclaration au bout, telle qu’on la prévoit : Il faut vous contenter, dit enfin Mirabeau qu’on a amené où il a voulu. […] On me fait remarquer que ceci n’est autre chose qu’un passage textuellement copié de La Nouvelle Héloïse, d’une lettre de Julie à Saint-Preux (première partie, lettre ix), à l’exception du mot amour que Sophie a remplacé par amitié. […] Cette précaution était absolument nécessaire, disait-il, pour lui assurer un retour et fermer la bouche à ceux qui auraient pu débiter cette nouvelle assez tôt pour qu’on eût le temps de l’arrêter.