L’homme a distingué d’abord et nommé ce qui le touchait de plus près : quand le cercle de ses idées et de ses connaissances s’est élargi, il n’a point créé les mots à profusion ; il a appliqué autant qu’il a pu ceux qu’il possédait déjà aux objets nouveaux qu’il découvrait, et n’a enrichi sa langue que par la multiplication des métaphores. […] Mais il ne faut pas les prendre comme usitées et traditionnelles ; il ne faut pas y être conduit par l’opération mécanique de la mémoire : il faut qu’elles jaillissent, créées à nouveau pour un besoin nouveau, du sentiment intime et de l’imagination personnelle. […] Et chez nous c’est chicane de grammairien que de ne pas goûter ce fier début d’une ode de Malherbe : Donc un nouveau labeur à tes armes s’apprête ; Prends ta foudre, Louis, et va comme un lion Donner le dernier coup à la dernière tête De la rébellion.